L'estime de soi : à quoi ça sert ?

centre du burn out

Il y a des modes en psychologie de salon et l’estime de soi est encore un de ces concepts gigogne à partir desquels on pense pouvoir expliquer les hauts et les bas de l’existence, les succès et les échecs des uns et des autres et les épreuves que l’on traverse. Le burn out est souvent associé à une forte décrue de l’estime de soi et pour le surmonter, il suffirait de la restaurer d’une manière ou d’une autre. Qu’en est-il vraiment ?

Disons d’abord que l’estime de soi est une ESTIMATION, et non pas une mesure gravée dans le marbre ou un mètre étalon de notre personnalité. Cette estimation est par nature fluctuante et passe, au cours de notre existence, par des hauts et des bas. C’est aussi une estimation personnelle, même si, par le biais de l’effet miroir, elle est tributaire du regard, positif ou négatif, que les autres portent sur nous. L’estime de soi, dans une société où l’individu est roi est une aspiration quasiment universelle, elle est devenue une nécessité dans un contexte où la compétition et la lutte de tous contre tous est désormais institutionnalisée. Elle est plus précieuse que l’or et les diamants. centre du burn out

L’entreprise l’a très bien compris et instrumentalise subtilement cette aspiration pour tirer le meilleur parti possible de la ressource humaine. Elle gratifie volontiers tous les bons petits soldats, tous ceux qui se montrent invariablement dociles face à ses injonctions, ceux qui ne disent jamais non lorsqu’on leur demande de faire toujours plus avec toujours moins, ceux qui s’engagent à fond vis-à-vis de la « valeur travail », ceux qui, au nom du profit, acceptent sans broncher d’agir en décalage avec leurs valeurs. Elle culpabilise, humilie et brutalise volontiers les autres, ou bien, elle les placardise ou les marginalise en faisant d’eux – suprême dégradation – des chômeurs. Bref, l’entreprise et la vie professionnelle nous marchande sans concession cette dimension affective de notre personne : la valeur que nous nous attribuons à nous même.

L’estime de soi est la résultante de plusieurs éléments distincts avec lesquels on la confond souvent : l’image de soi, la confiance en soi et l’amour de soi.

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L’image de soi est la représentation mentale qu’on se fait de notre propre personne, comment « on se voit soi-même » à travers les filtres de notre perception cognitive. Elle est éminemment fluctuante et plus ou moins fragile. Elle est dépendante du regard des autres au sein des groupes auxquels nous participons. Par exemple, le droit (reconnue par la loi) que s’arroge l’entreprise d’évaluer annuellement et de façon ritualisée, la performance professionnelle de ses salariés lui permet d’exercer un contrôle sur cette variable, de récompenser les « bons » et de tancer les « mauvais », avec toutes les conséquences individuelles que cela suppose. Le manque de reconnaissance est d’ailleurs une des principales causes de la souffrance au travail.

La confiance en soi peut être définie comme l’idée selon laquelle on est capable de réussir lorsqu’on se lance dans un projet ou qu’on entreprend quelque-chose de difficile ou de compliqué. C’est le royaume des croyances, aidantes ou limitantes. Nos hommes politiques nous renvoient l’image d’une très grande confiance en eux-mêmes, parfois détestable voire pathologique : qu’on songe à Donald Trump, par exemple. A l’inverse, nombre d’entre nous entendent une petite voix qui résonne dans leur tête et qui leur répète en boucle : « tu vas te planter », « c’est pas pour toi », « ça marchera jamais », etc

L’amour de soi, c’est un peu le socle fondateur sur lequel l’image de soi et la confiance en soi se sont progressivement construites depuis les heures lointaines de la petite enfance. Il peut se définir comme la capacité à s’accepter INCONDITIONNELLEMENT, quelles que puissent être les circonstances. Il conditionne largement notre capacité à trouver en nous-même une source d’apaisement, à gérer nos émotions face aux aléas de l’existence, à prendre soin de nous et à respecter notre propre intégrité.

Vous trouverez sur Internet plein de recettes toutes faites pour favoriser une haute estime de vous-même, restaurer votre confiance en vous… Plutôt que d’adopter une démarche prescriptive à base de « il faut que… », je préfère poser des questions et suggérer des pistes de réflexion.

La question des valeurs est la première qui vient à l’esprit. Vous êtes vous jamais posé la question de ce qui compte vraiment pour vous ? Quelles sont les valeurs fondatrices et de votre identité. Je parle ici des valeurs strictement personnelles, celles que vous avez librement choisies et qui vous définissent, au nom desquelles vous agissez en votre âme et conscience. Laissez donc de côté toutes celles que vous avez hérité des grandes institutions, comme l’école, la République ou l’entreprise : elles sont bien souvent trompeuses et manipulatrices. En cherchant un peu, vous trouverez sur Internet des listes de valeurs. Alors à vos stylos : éditez-les, annotez-les, hiérarchisez-les, pondérer-les ! Et posez-vous cette simple question : vivez-vous relativement (il faut toujours faire quelques compromis) en accord avec vos valeurs ? Ou bien en décalage plus ou moins flagrant avec elles ? Quoi qu’il en soit, tendez toujours plus à un alignement de votre mode de vie avec vos valeurs et vous vivrez plus heureux : n’est-ce pas une définition possible de l’estime de soi.

L’autre question fondamentale pour l’estime de soi : dans quelle mesure vos besoins sont-ils pris en compte dans la vie que vous menez ? On peut songer au slogan d’une marque de produits de beauté qui faisait dire à l’actrice Claudia Schiffer « parce que je le vaux bien ». Là aussi, vous pouvez entamer cette réflexion sur la base de listes ou bien vous faire accompagner. Si vous vous négligez, si vous n’écoutez pas vos besoins fondamentaux, est-ce la cause ou bien la conséquence d’une faible estime de soi ?

Pour finir sur quelque-chose de très simple, si vous voulez accéder à cet atout gagnant, à cette pierre philosophale de l’estime de vous-même, agissez et faites des choses dont vous pourrez retirer de la fierté.