LACHER PRISE : mais qu'est-ce que ça veut dire ? 

programme de relaxation

Pour ceux qui sont passés par le burn out, la question du lâcher prise revêt un intérêt particulier. Si l’on a craqué jusqu’à l’effondrement, n’est-ce pas justement parce qu’à un moment donné, on n’a pas su ou pas pu plier ou faire des concessions, accepter nos limites ou d’autres désagréments. Lâcher prise fait partie de ces expressions à la mode que l’on entend un peu partout, souvent d’ailleurs accolée avec une injonction du type « il faut que… » ou bien « tu dois absolument ». Lâcher prise est une censé être une sorte de panacée, de remède universel contre tous les maux de l’existence, mais personne ne sait vraiment ce que ça signifie, ni quelles sont les étapes qui jalonnent le parcours qui y mène, la façon de s’y prendre et les avantages que cela présente. Allons-y ! c’est parti pour un bref tour d’horizon de cette vaste question.

Dans son livre intitulé LE POUVOIR DU MOMENT PRESENT Eckhart Tolle en donne une définition simple et opérationnelle : « renoncer à la résistance intérieure qui s’oppose à ce qui est ». C’est du bon sens : une fois qu’une chose, un tracas ou une déconvenue est déjà là, il ne sert plus à rien de s’y opposer ou de lui résister. C’est du temps et de l’énergie gaspillés en pure perte. Supposons qu’au volant de ma voiture, j’emprunte un chemin forestier détrempé et que mon véhicule finisse par s’enliser. Mon premier réflexe sera probablement d’appuyer sur l’accélérateur, puis de passer la marche arrière, de me débattre dans tous les sens avec le probable résultat d’aggraver la situation et de m’enfoncer encore plus profondément. Dans cet exemple, lâcher prise, c’est d’abord couper le contact, descendre du véhicule et prendre un peu de recul pour analyser la situation. Les roues patinent-elles dans de la boue ? Du sable ou de la neige ? Dans un trou large ? Profond ? Y a-t-il à proximité des branches ou des pierres utilisables pour consolider le terrain ? Si non, y a-t-il du réseau afin que je puisse appeler une dépanneuse ? Bref, il y a toujours quelque-chose à faire, mais tant qu’on n’a pas lâché prise, il sera difficile de trouver la bonne solution, celle qui va nous tirer de là.

Lorsqu’un problème de lâcher prise se pose, c’est que nous sommes confrontés à un événement frustrant, qui nous place en décalage avec nos objectifs, nos idéaux ou nos valeurs, qui suscite en nous des émotions négatives : colère, tristesse, peur. On n’a pas besoin de lâcher prise lorsqu’on est promu ou qu’on voit son salaire augmenter. La première chose à faire est donc d’identifier les points de crispation et les contrariétés qui « ne passent pas » et qui se situent hors de notre champ de contrôle. En effet, lâcher prise consiste à d’abord à accepter l’évidence selon laquelle il n’est ni possible, ni, finalement, souhaitable de contrôler les autres, d’agir à leur place ou d’être d’ores et déjà assuré du résultat lorsqu’on entreprend quelque-chose. Et là, on ne peut que songer à la fameuse phrase de Marc Aurèle : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. »

Une fois franchi ce cap de l’acceptation, notre niveau de stress psychologique, mais aussi biologique va s’abaisser significativement, nos tensions vont se relâcher et nous allons pouvoir retrouver une souplesse mentale et une lucidité qui nous faisait défaut, nous allons restaurer une fluidité indispensable dans le cours de notre vie et, à cet égard, il est certain que l’acceptation est une démarche libératrice. Avec elle, fini les remords et les regrets, l’enfermement dans les mêmes schémas de rumination, les vaines colères, les rancunes stériles, les nostalgies mortifères, les deuils interminables… Nous sommes prêts à agir pour passer à autre chose. On peut aussi appeler cela le détachement. Notre vie est fluide et faite de cycles qui se succèdent. Lorsqu’un cycle se termine, un autre est prêt à débuter, mais que se passe-t-il lorsqu’on refuse cette loi universelle de l’impermanence et de la transformation perpétuelle de toutes choses ? Et bien, on se retrouve bloqué, coincé dans des souffrances inutiles, dans le chaos du no man’s land qui caractérise le passage d’un cycle à l’autre. Le détachement consiste à pouvoir accepter avec une relative sérénité des choses aussi différentes la perte d’un emploi, le deuil lors du décès d’un proche, la fin d’une relation amoureuse, la perte d’un objet auquel on tient, un déménagement, le passage de l’enfance à l’adolescence puis à la vie d’adulte, de la vie d’adulte à la vieillesse et de la vieillesse à la mort. Vu sous cet angle, on comprend que le déni ou le refus sont tout simplement voué à l’échec et nous causent des souffrances tout à fait inutiles.

Mais le lâcher prise ou le détachement ne sont pas des attitudes qui doivent être uniquement réservées aux grandes difficultés de notre parcours existentiel ou limité à un programme de relaxation. C’est une philosophie de la vie qui doit d’abord s’appliquer à tous les petits tracas et aux micro-frustrations de notre quotidien : nous avons raté notre train, nos enfants ont eu de mauvaises notes à l’école, il pleut alors que nous avions prévu d’aller pique-niquer…

Alors, vous qui êtes tombé dans le piège du burn out, posez-vous ces quelques questions simples : qu’est-ce qui n’est pas passé ? Qu’est-ce qui reste coincé en vous et qui vous empêche d’aller de l’avant ? N’y a-t-il pas, au fond des aspects positifs dans une situation qui vous a frustré ? Quels sont les émotions qui bouillonnent en arrière-plan de votre théâtre intérieur ? Peur ? De quoi ? Colère ? Pourquoi ? Avec quels idéaux et quelles valeurs avez-vous été placé en décalage ? Et au besoin, faites-vous accompagner car le jeu en vaut la chandelle car c’est à ce prix que vous sortirez du marécage gluant des ruminations et autres regrets. Ensuite, vous verrez naturellement plus clair et vous saurez au fond de vous-même quoi faire pour aller de l’avant.